Sur
le point d’être un Schizophrène Divin
John
Smallman a partagé ceci avec sa liste d’adhérents. La
schizophrénie divine pourrait devenir beaucoup plus répandue
bientôt.
« Une
Saveur » par Ken Wilber : page 66, entrée le Lundi 24
Mars 1997.
Avec
le réveil de la conscience permanente, vous devenez quelque chose
qui ressemble à un schizophrène divin, au sens populaire
« dédoublement de personnalité » parce que vous avez
accès à la fois au statut de Témoin et à celui de l’Ego. Vous
êtes actuellement « une personnalité dans sa globalité »
mais elle résonne comme si elle se dédoublait, parce que vous êtes
conscient du Témoin Permanent qu’est l’Esprit, et vous êtes
aussi parfaitement conscient du film de la vie, de l’égo et tout
ce qui monte et descend. Donc vous sentez encore de la douleur et de
la souffrance et du chagrin, mais ils ne vous convainquent plus de
leur importance-vous n’êtes plus la victime de la vie, mais son
Témoin.
En
fait, parce que vous n’êtes plus effrayé par vos sentiments, vous
pouvez vous y investir avec une bien plus grande profondeur. Le film
de la vie devient plus éclatant et plus vibrant, précisément parce
que vous ne vous ne vous y accrochez ni ne l’évitez plus, et ainsi
ne tentez plus de l’étouffer ou de le diluer. Vous ne baissez plus
le son. Vous pouvez même pleurer et rire plus fort, sauter plus
haut. Une conscience du non choix ne veut pas dire que vous cessiez
de ressentir ; cela veut dire que vous ressentez pleinement,
ressentez l’infinité en soi, et riez et pleurez et aimez jusqu’à
ce que cela fasse mal. La vie bondit au dehors de l’écran, et vous
êtes un avec le tout, parce que vous ne reculez pas.
Si
vous faites un rêve, et que vous pensez qu’il est vrai, ça peut
devenir très effrayant. Dites vous que vous rêvez que vous
traversez sur une corde raide les chutes du Niagara. Si vous tombez,
vous plongez dans la mort. Aussi marchez-vous très lentement, très
prudemment. Supposez alors que vous commenciez à faire un rêve
lucide, et vous réalisez que c’est juste un rêve. Que
faites-vous ? Etre plus prudent et plus attentif ? Non,
vous vous mettez à sauter de haut en bas sur la corde raide, vous
faites des tours sur vous mêmes, vous vous balancez, vous avez un
ballon, précisément parce que vous savez que ce n’est pas vrai.
Quand vous réalisez que c’est un rêve, vous pouvez vous permettre
de jouer.
La
même chose arrive quand vous prenez conscience que la vie ordinaire
n’est qu’un rêve, rien qu’un film, une pièce de théâtre.
Vous n’êtes pas plus prudent, plus timide, plus réservé. Vous
vous mettez à faire des sauts de hauts en bas et faire des tours sur
vous mêmes, précisément parce que tout est rêve, tout est pur
néant. Vous ne vous sentez pas moindre mais plutôt davantage –
parce que vous pouvez vous l’offrir. Vous n’avez plus peur de
mourir, et c’est pourquoi vous n’avez plus peur de vivre. Vous
devenez extrême et fantasque, excessif et brillant, choquant et
stupide. Vous laissez tout se déverser, parce que c’est votre
rêve.
La
vie assume ensuite sa propre identité, c’est une évidence
lumineuse, c’est une effervescence extrême. La douleur est plus
douloureuse et la joie plus joyeuse et le chagrin plus triste. Tout
devient vivant d’une façon radieuse pour l’esprit en miroir,
l’esprit qui ne saisit ni n’évite, mais est simplement le témoin
de la pièce, et c’est pourquoi il peut se permettre de jouer, même
quand il observe.
Qu’est
ce qui vous plairait si vous pouviez tout voir comme si vous étiez
le rêve de votre soi supérieur ? Qu’est ce qui vous
déciderait vraiment à agir dans ce théâtre d’un monde de
rêves ? Tout dans le rêve est à la base drôle, à un niveau
très profond, excepté ceci : quand vous voyez vos amis
souffrir parce qu’ils pensent que le rêve est vrai, vous voulez
soulager leur souffrance, vous voulez qu’ils se réveillent aussi.
Les regarder souffrir n’est pas amusant. Et alors une profonde et
puissante compassion s’élève dans le cœur des éveillés, et ils
cherchent, avant toute chose, à réveiller les autres – et ça les
soulage de la douleur et de la pitié, du tourment et de la peine, de
la terreur et de l’angoisse qui se lève avec la terrible gravité
du rêve de la vie qui passe.
Aussi
êtes vous un schizophrène divin, vous êtes « dédoublé dans
le sens où vous êtes simultanément en relation avec à la fois le
pur Témoin et le monde du film de l‘égo. Mais ça signifie
réellement que vous êtes effectivement un « esprit dans
sa globalité », car ces deux mondes ne sont pas vraiment
deux-deux. L’égo n’est que le rêve du Témoin, le film que le
témoin crée de sa propre plénitude éternelle, il y aura donc
quelque chose à regarder au cinéma.
A
ce niveau la totalité de la pièce se joue dans votre conscience
éternelle. Il n’y a pas de dedans et de dehors, pas de versus ici
ou là. L’Univers non duel d’Une Saveur se lève comme un geste
spontané de votre propre véritable nature. Vous pouvez goûter le
soleil et l’hirondelle la lune, et des siècles se logent dans la
paume de votre main. Le pur Je-Je. Le grand Je suis, respire jusqu’à
l’infini et crée un cosmos pareil au chant de son Soi propre, et
des océans de compassion coulent comme des larmes de votre Propre
Visage.
La
nuit dernière j’ai vu le reflet de la lune dans un étang frais et
clair comme du cristal, et rien d’autre n’est apparu.
Traduction: Danièle
Castaigne
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