Veterans Today, le 16 octobre 2015
Par Jim W. Dean, rédacteur en chef,
avec New Eastern Outlook à Moscou
*American Israel Public Affairs
Committee
Avec l’accord iranien, l’AIPAC « a marchandé la peau de
l’ours…. », et cela s’est retourné contre eux dans des proportions
historiques.
« Je considère une guerre même victorieuse comme un
mal, que les hommes d’état doivent s’employer à éviter aux nations » - Otto
von Bismarck
Bibi (Netanyahou) et l’AIPAC (le lobby pro-israélien aux
Etats-Unis) ont sombré ensemble.
(Mise à jour : les balles ont
cessé d’être tirées sur l’approbation de l’accord nucléaire avec l’Iran par le
Congrès, et les victimes ont été dénombrées. L’AIPAC repose au sommet de la
pile des Républicains moralement décédés qui n’ont pas servi ce pays depuis pas
mal de temps. Beaucoup de ses dirigeants sont parmi les ennemis les plus
dangereux de l’Amérique, avec John McCain en tête.
Mais les anges nous ont souri et
l’AIPAC a choisi de sombrer avec le navire sioniste, et la mer est redevenue
beaucoup plus calme. Quand est-ce que vous les avez entendus pour la dernière
fois vous envoyer une invitation pour un de leurs lynchages politiques ?
Netanyahou
à la tribune de l’AIPAC
Ils font profil bas, en attendant que
leur plus grande défaite de l’histoire leur souffle à la figure, et essaient de
revenir dans la course à la faveur des élections. Ils comptent sur le fait que
nous allons oublier qu’eux et les Républicains ont pris le parti d’un pays
étranger contre les Etats-Unis.
Personne n’a été surpris de voir que
ceux des deux, essayaient de torpiller deux années de négociations délicates de
plusieurs partenaires avec l’Iran. Le vent de l’histoire a déjà emporté la
révélation la plus époustouflante de cette histoire : aucun pays
occidental ni Israël n’ont jamais apporté la moindre preuve que l’Iran avait un
programme secret d’arme nucléaire.
Au cours des négociations, en jouant le
jeu, aucun « as dans la manche » révélant des renseignements secrets,
à aucun moment. Les néoconservateurs ont menti au monde entier, encore et
encore. Et quand ils ne pouvaient pas apporter de preuves, ils se taisaient en
faisant comme si tout cela n’avait pas d’importance.
Cela a de l’importance, parce que ce
type de comportement est une menace pour notre démocratie. Nos Pères Fondateurs
nous ont prévenus de cela au début du parcours de notre pays, qu’il fallait des
« citoyens informés » pour soutenir la République qu’ils nous ont
léguée.
Rappelez-vous, chaque fois que vous
voyez votre gouvernement vous mentir à tous les niveaux, comme l’ont fait
récemment Obama et Ashton Carter dans leurs déclarations que la campagne de
frappes antiterroristes des Russes en Syrie allait rendre l’EIIL plus fort.
Seuls des gens dotés d’un mépris sidérant du public prétendraient une chose
aussi absurde.
Nous nous y attendions de la part de
quelqu’un comme Carter, qui est un partisan de l’appel des Néoconservateurs à
la guerre mondiale contre tous ceux qui ne sont pas sous le contrôle des élites
américaines. Mais qu’Obama dise une chose pareille a entamé sa stature d’homme
d’état durement gagnée par le succès de son accord signé avec l’Iran à peine
l’encre sèche, preuve d’un travail médiocre de son équipe ou d’un moment d’égarement
de son esprit.
Le
Secrétaire à la Défense Ashton Carter
J’ai écrit cet article peu après que le
pieu en bois ait percé le cœur de l’AIPAC lors du vote sur l’accord avec
l’Iran. J’ai soupçonné qu’ils allaient s’allonger comme ils l’ont fait, et que
nous devrions avoir un plan pour en « finir avec eux » politiquement,
ce qui est une réaction normale envers tous ceux qui sont en désaccord avec
eux.
J’ai écrit cet article quelques jours
après la défaite des Républicains et de l’AIPAC dans leur tentative de faire
échouer l’accord avec l’Iran – mes efforts de plusieurs jours pour écrire une
dédicace post-mortem et dire à quel point le vote était serré, quand le
basculement s’est opéré. En plus d’essayer de relier les deux années consacrées
à vous informer sur les négociations avec l’Iran, je voulais agiter le drapeau
vert pour indiquer qu’il était temps de s’en prendre à l’AIPAC – et c’est
toujours le cas.
Cela a été mis de coté chez NEO (New
Eastern Outllook) pendant plus d’un mois pour être publié finalement cette
semaine. Le monde évolue si rapidement que cet évènement a semblé être plus
ancien qu’il ne l’était. Mais le sujet est toujours important sur la question
de savoir ce qui s’est passé et pourquoi, et où aller à partir de maintenant.
Les eaux tumultueuses sont d’autant plus dangereuses si on navigue sans
boussole.
Le talon d’Achille de l’AIPAC est son immense
implication d’espionnage des Etats-Unis au niveau politique (et technologique)
au profit d’Israël. Mais ils sont protégés par le parapluie qui empêche leur
poursuite ici – sous le prétexte que notre relation avec Israël est si
importante que nous ne pouvons pas laisser leurs énormes opérations
d’espionnage à notre détriment mettre en danger cette relation. Des choses
pareilles ne s’inventent pas.
Nous devons forcer ceux qui soutiennent
l’AIPAC et ceux qui acceptent leur argent à justifier cette réalité. Jusqu’ici
personne ne l’a fait – ni leurs opposants aux élections, ni les médias, ni les institutions
civiques ou religieuses. L’AIPAC a passé des décennies à mettre en place des
pare-feux là où ils sentaient qu’ils étaient vulnérables.
Nous avons l’histoire de notre côté
maintenant, y compris l’actualité qui révèle la pseudo-coalition américaine de
la guerre contre le terrorisme, avec les Russes, les Syriens et les Iraniens
qui rentrent dans l’EIIL comme dans du beurre.
La véritable menace contre notre
sécurité nationale porte la marque indélébile du « fabriqué en Amérique »
imprimée par tous ceux qui nous ont menti durant plusieurs générations. Il est
temps de leur appliquer les mêmes méthodes pour changer et leur en faire
ressentir le fruit de l’amertume … Jim W. Dean).
Le
Président iranien Rouhani
Les
Etats-Unis ont poussé un grand soupir de soulagement lorsqu’on a appris
qu’Obama avait obtenu sa 34ème voix au Sénat en faveur de l’accord
avec l’Iran, mettant ainsi fin à une épreuve de force de 60 jours.
Personne
n’avait prédit une conclusion aussi rapide. Comme dans un jeu de poker, beaucoup
cachent leur jeu jusqu'au bout lorsque les enjeux sont importants pour les voix
cruciales.
Le
premier indice d’une issue favorable est venu lorsque la direction Démocrate a
pris le taureau par les cornes pour fournir les voix dont leur président avait
besoin. Ils ne l’ont pas annoncé au début du processus pour éviter qu’il y ait
davantage de pressions de la part du lobby de l’AIPAC qu’ils n’en avaient déjà.
L’influence politique de l’AIPAC était également en jeu sur ce coup-là.
La
fidélité au parti et le bon sens ont prévalu, car agir autrement aurait fait
apparaître les Démocrates comme des fous aux yeux du monde entier en
abandonnant leur Président dans la tourmente après que son administration se
soit impliquée à ce point sur cette question. Les vacances d’août du Congrès ont
été une réussite avec la coordination de Nancy Pelosi qui a permis
d’enregistrer les soutiens des listes de la Chambre des Représentants du
Congrès et Harry Reid faisant de même au Sénat pour donner à Obama un vote à l’abri
du veto.
L’AIPAC
a essayé d’enclencher très tôt la dynamique avec les déclarations des Sénateurs
Chuck Schumer et Robert Menendez qu’ils allaient voter non. Le vote de Schumer
était sans surprise et Robert Menendez est un « mort-vivant »
politiquement parce qu’il fait l’objet d’une mise en examen pour des pots-de-vin
et de poursuites pour abus sexuels sur une mineure.
Nos
sources nous ont appris qu’il s’agissait d’un piège féminin israélien classique
pour prendre le contrôle de Menendez, et qui a réussi. Ce n’est de loin pas le
seul membre du Congrès qui fait l’objet d’un chantage, mais nous y reviendrons
un autre jour.
L’AIPAC
a publié ses lettres de soutien et les partisans de l’accord ont publié les
leurs … rabbins, anciens membres du Congrès, diplomates, haut-gradés de l’armée
et puis les dirigeants des groupes juifs. Mais j’ai repéré très tôt un vice
dans leur petit jeu, car leurs arguments n’étaient pas vraiment les
leurs … mais ceux de Bibi (Netanyahou).
Ils
semblaient bien correspondre pour les Républicains qui recherchaient le soutien
financier électoral de Sheldon Adelson, mais en ce qui concerne les Démocrates,
ils allaient devoir choisir entre l’AIPAC / Israël, et Obama / leur pays. Tous
ceux qui ne cessent de répéter que les deux partis sont pareils devraient se
souvenir de ce fait.
Pour
les Républicains, il n’y avait pas de questions à se poser, rien à prévoir.
L’AIPAC allait prendre soin d’eux pour la question. Patrick Dorton de « Citoyens
pour un Iran sans nucléaire » expliquait : « Pour les activistes
pro-israéliens il s’agit d’un vote unique d’une génération ». Ce groupe à
lui seul a dépensé 20 millions de $ en publicités dans les média pour faire
avorter l’accord, argent qui a fini dans le caniveau, dieu merci.
Il
y a eu des reportages selon lesquels l’opposition n’avait pas réellement essayé
de convaincre les Démocrates de rompre avec le Président, mais plutôt de les
effrayer. Etant donné que l’intimidation avait toujours fonctionné lorsque le
bobby israélien l’avait utilisée contre les membres du Congrès, il était
difficile de changer de tactique pour un vote aussi important.
Mais
l’AIPAC a surestimé ses cartes dans ce cas là, et cela s’est retourné contre
eux.
Occupez l’AIPAC
Lorsque
le Congrès est parti en vacances parlementaires, ils n’ont pas trouvé les
électeurs qui partageaient l’hostilité de l’AIPAC envers cet accord malgré les
résultats de tous les sondages truqués que l’AIPAC avait sorti du chapeau par
magie.
Ce
que les gens de l’AIPAC ont également oublié de faire c’est de proposer une
meilleure offre alternative à cet accord, parce qu’ils ne voulaient pas d’un
accord. Cela semble aller contre le bon sens, mais ce n’est pas le cas.
La
mission de l’espionnage politique israélien et de l’AIPAC était de faire en sorte
que les contribuables américains financent une attaque contre l’Iran pour
détruire ses installations nucléaires parce que cela permettrait à Israël de se
sentir douillettement à l’aise. Ils exigeaient un accord dont ils savaient que
l’Iran ne l’accepterait jamais, sabotant ainsi les négociations pour retourner
à la case départ et revenir au point où « toutes les options étaient sur
la table ».
La
plupart des membres Démocrates du Congrès ne sont pas stupides et savaient
qu’ils devaient jouer le jeu s’ils voulaient conserver le soutien politique du
lobby et éviter des opposants aux élections primaires, une des punitions
classiques pour les membres du Congrès qui ne témoignent pas leur loyauté
attendue à Israël.
Les
Démocrates qui ont soutenu Obama ont déclaré que les pressions de l’opposition
n’ont pas été efficaces parce qu’il s’agissait d’un débat et d’un vote trop
complexe et trop important pour qu’il soit régi par des arguments de comités
d’action politique et de l’intimidation outrancière. Les Démocrates ont décidé
de se comporter en hommes d’état au cours de ce vote et je vous demande tous de
les appeler pour les en remercier. C’est plus important que vous ne l’imaginiez,
de leur montrer que vous l’avez remarqué et que vous y attachez de l’importance.
Ils
savaient que les Républicains allaient faire campagne au cours des élections de
2016 pour revenir sur l’accord de toute façon, donc pourquoi les Démocrates les
auraient-ils aidés à le faire avorter maintenant ? Une fois l’accord
conclu et dans la poche, et le monde qui avance, ils pourraient repousser les
Républicains dans leur coin en les accusant d’être à la solde d’Israël … et oui
… d’être déloyaux. Pour moi, ce n’est pas une nuance de gris, pas le moins du
monde.
J’ai
attendu quelques jours pour écrire cet article parce que je savais que tous les
premiers reportages sur les raisons pour lesquelles les Sénateurs Démocrates
ont soutenu l’accord, seraient influencés par la volonté de ne pas s’aliéner
totalement le soutien des électeurs juifs. Ensuite ont émergé des indices que
l’incertitude à propos du vote avait été mise en scène … et qu’Obama avait su
très tôt qu’il avait suffisamment de voix pour faire face à un veto mais qu’il
avait été assez habile pour comprendre qu’il devait rendre la question publique
pour se mettre le pays de son côté.
Cette
victoire a commencé par une réunion cruciale avant les vacances parlementaires
avec de nombreux Sénateurs Démocrates et les représentants des ministères des
affaires étrangères d’autres membres des pays du P5+1. Ils ont déclaré aux
Sénateurs en termes non équivoques que l’accord durement négocié était le
meilleur possible et que ni eux ni l’Iran n’allaient renégocier quoi que ce
soit … point final. Si les Démocrates ne
soutenaient pas l’accord, les Etats-Unis seraient seuls dans tout ce qu’ils
entreprendraient.
Les
membres du Congrès ont réalisé que ce serait une position intenable pour les
Etats-Unis. Cela aurait été sacrifier le leadership américain au profit des
arguments de Bibi (Netanyahou) et de la campagne de peur de l’AIPAC prétendant
que l’Iran voulait jeter les Israéliens à la mer. Les Démocrates savaient
l’héritage historique qu’ils laisseraient s’ils faisaient cela. Les pressions
de l’AIPAC se sont heurtées à cette dure réalité.
Le
héros oublié de tout ce processus à qui revient l’essentiel du mérite est le
Secrétaire américain à l’Energie Ernst Moniz, qui à l’inverse de tous les
autres, avait les connaissances et l’habilité diplomatique pour expliquer que
les arguments trompeurs de l’opposition n’étaient qu’une arnaque de plus. Il
leur a assuré que les Etats-Unis avaient la technologie pour détecter la
fabrication de matière fissile militaire.
Clinton
Basin, notre propre expert nucléaire à Veterans Today nous avait expliqué
exactement la même chose avant qu’il ne décède l’année dernière. Il avait été
pendant 40 ans un retraité de l’ingénierie chimique au Département de
l’Energie. C’est ainsi que nous savions que l’Iran ne disposait ni de la bombe,
ni d’une usine secrète de retraitement de déchets. Mes études d’ingénierie
chimique au cours de mon premier cycle à l’université m’ont aidé à comprendre
les complexités de ces défis d’ingénierie.
Les
accusations contre l’Iran avaient toutes été un gros canular pour créer les
conditions permettant de mettre en œuvre des « sanctions » dans le
cadre d’une guerre économique contre le peuple iranien pour provoquer un
changement de régime politique.
Torpillage du USS Liberty par Israël en 1967
Quant
aux prétentions selon lesquelles l’accord livrait un programme nucléaire
militaire sur un plateau au bout de quinze ans, on a appris aux membres du
Congrès que l’option d’une frappe militaire ne retarderait un programme
d’armement que pendant trois ans.
De
plus les inspections grandement améliorées par l’accord seraient toutes
rejetées en cas de non-accord, ainsi que les avantages économiques croissants
que l’Iran retirerait de sa croissance après les sanctions, dont elle ne
bénéficiait pas à l’heure actuelle.
Au
bout du compte, les gens de l’AIPAC n’ont plus rien eu à opposer à cette
argumentation. En fait, cela leur a coupé l’herbe sous les pieds lorsqu’Efraïm
Halevy, ex-chef du Mossad et Aymir Ayalon du Shin Bet ont déclaré qu’Israël se
trouverait beaucoup plus en sécurité avec l’accord que sans lui.
Le
monde entier va maintenant profiter de cet accord durement gagné, en grande
partie grâce à la pire défaite subie par le lobby israélien dans l’histoire
récente. Après toutes les humiliations que le lobby a infligées aux Américains,
les morts du USS Liberty*, les programmes d’armes de destruction massive**, et
oui … leurs énormes opérations d’espionnage qui se poursuivent sans jamais
provoquer d’arrestations ce qui constitue un scandale national, il est temps
que le vent tourne.
*L’incident de l’USS Liberty désigne une attaque des
Israéliens le 8 juin 1967 dans les eaux internationales au large du Sinaï
contre un navire de recherche de la marine américaine qui collectait des renseignements
pour la NSA. Le bilan a été de 34 morts et 171 blessés.
**Sans compter la participation active
des Israéliens au 11 septembre (tours jumelles et Pentagone) NdT.
Plutôt
que de laisser aux agents subversifs de l’AIPAC le temps de panser leurs
blessures, il serait plus que temps pour les Américains de retrouver leur
fierté et d’éliminer définitivement la menace de ce lobby. Nous n’aurons jamais
une occasion aussi belle que maintenant alors que notre pays a vu le lobby
israélien faire tout son possible pour torpiller cet accord important pour la
sécurité nationale ; non seulement pour nous mais également pour le
Moyen-Orient et le peuple iranien.
L’AIPAC
va faire profil bas pour essayer de prendre sa revanche avec le Parti
Républicain en envoyant son candidat présidentiel à la Maison Blanche en 2016.
Tous leurs candidats, y compris Trump, réduiraient à néant tout ce qui a été
accompli grâce à cet accord avec l’Iran.
Trump
sait qu’il aura le soutien du Lobby pour cette demande et nous savons tous ce
qu’il exigera en retour : faire prévaloir d’abord, les intérêts d’Israël
sur toutes les questions cruciales, et renvoyer les Américains au fond du bus
avec le gros pourboire habituel pour les traîtres de chauffeurs au Congrès. Il
est temps pour nous d’interrompre ce cycle pendant que nous avons le vent en
poupe. Donc allons-y, résistons, résistons !
Jim
W. Dean, rédacteur en chef de Veterans Today, producteur/animateur de Heritage
TV
Atlanta,
en particulier pour le magazine en ligne “New Eastern Outlook”.
Traduction : Patrick T rev Isabelle
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