Accusé de trahir
son pays, Yanis Varoufakis répond. Et c’est cinglant
2038 vues31 juillet
2015 8 commentaires Union EuropéenneSilvia Cattori
Accusations de trahison. Ce qui se cache derrière
ces étranges allégations.
Cette tentative surprenante de me faire accuser de
trahison pour avoir conspiré afin de pousser la Grèce hors de l’Eurozone, est
le reflet de quelque chose de bien plus vaste.
Elle reflète un effort acharné à délégitimer notre
négociation de 5 mois (du 25 janvier au 5 juillet) avec une Troïka furieuse que
nous ayons eu l’audace de douter ouvertement de la sagesse et l’efficacité de
son plan raté pour la Grèce.
Le but de mes pseudo-procureurs est de faire passer notre
attitude rebelle lors des négociations pour une aberration, une erreur, ou
mieux encore, selon la perspective de l’Establishment oligarchique grec
favorable à la Troïka, pour un crime contre l’intérêt national de la Grèce.
Mon crime ignoble a été, en exprimant la volonté
collective de notre gouvernement, d’incarner les péchés suivants:
- Me comporter devant les leaders de l’Eurogroupe
comme un égal qui s’autorise à dire NON et présente des arguments de poids
pour repousser le manque de logique catastrophique des énormes prêts
concédés à un état insolvable soumis à une austérité contre-productive.
- Démontrer que l’on peut être un Européiste engagé,
lutter pour maintenir son pays dans l’Eurozone, et en même temps rejeter
les politiques de l’Eurogroupe qui nuisent à l’Europe, déconstruisent
l’Euro et piègent fondamentalement son pays par un esclavage de la dette
entretenu par l’austérité.
- Préparer des réponses à des dangers éventuels dont
me menacent les collègues de premier plan de l’Eurogroupe et des officiels
haut-placés de la Troïka lors de discussions en tête à tête.
- Révéler de quelle manière les gouvernements grecs
précédents ont transformé des ministères aussi cruciaux que le Secrétariat
Général des Recettes Publiques et l’Office Statistique Hellénique en des
ministères sous contrôle de la Troïka et soumis à des pressions ayant
vocation à saper le gouvernement élu.
Il est très clair que le gouvernement grec a le devoir de
retrouver sa souveraineté nationale et démocratique sur tous les ministères, et
en particulier le Ministère des Finances. S’il ne le fait pas, il continuera à
renoncer aux instruments d’élaboration de sa politique auxquels les électeurs
attendent de le voir recourir dans le cadre de la mise en œuvre du mandat
qu’ils lui ont confié.
Dans le cadre de mes efforts en tant que ministre, mon
équipe et moi-même avons mis au point des méthodes innovantes de développement
d’outils du Ministère des Finances afin de répondre efficacement à la crise des
liquidités crée par la Troïka tout en récupérant des pouvoirs exécutifs
auparavant usurpés par la Troïka avec le consentement des précédents gouvernements.
Au lieu d’accuser et de poursuivre ceux qui, aujourd’hui
encore, agissent au sein du service public comme les larbins et lieutenants de
la Troïka (tout en recevant des salaires substantiels des contribuables grecs
qui souffrent depuis des années), c’est moi qui suis aujourd’hui persécuté par
les hommes et partis politiques condamnés par les électeurs pour avoir
transformé la Grèce en protectorat , aidés et encouragés par les médias de
l’oligarchie.
Je porte leurs accusations comme des marques d’honneur.
La négociation fière et honnête que le gouvernement
Syriza a menée depuis le premier jour de son élection a déjà amélioré la
qualité des débats publics en Europe. Le débat sur le déficit démocratique qui
affecte l’Eurozone ne pourra plus être étouffé. Malheureusement, les supporters
de la Troïka dans notre pays semblent incapables de tolérer ce succès
historique. Leurs efforts pour le criminaliser se briseront sur les mêmes
hauts-fonds que ceux sur lesquels s’est brisée la campagne de propagande contre
le NON au référendum du 5 juillet : la grande majorité des Grecs courageux.
Yanis Varoufakis |
29 juillet 2015
Texte
original: http://yanisvaroufakis.eu/2015/07/29/treason-charges-what-lurks-behind-the-bizarre-allegations/
Traduction par
Sylvie Tassin.
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