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111 réponses à Washington est en train de transformer en guerre la “crise” orchestrée en Ukraine, par Paul Craig Roberts
2 billets de Paul Craig
Roberts à la suite aujourd’hui !
Je rappelle que cet
économiste et journaliste paléoconservateur américain a été sous-secrétaire au
Trésor dans l’administration Reagan (1981-1982), et est un des pères fondateurs
des Reaganomics. Il a également
été rédacteur en chef adjoint au Wall Street Journal. Sa vision décape, en
général…
Les service de Renseignements américains indiquent
qu’il n’y a aucun indice pour accuser la Russie
Paul Craig Roberts, 23 juillet 2014.
Après avoir accusé pendant des jours la Russie d’être
responsable du crash de l’avion de ligne malaisien, la Maison Blanche a
autorisé les officiels des services de renseignements US à dire aux
journalistes qu’il n’y a aucune preuve de l’implication du gouvernement russe.
Evidemment, les images satellites US ne corroborent pas les mensonges de
l’administration Obama. Si la Maison Blanche avait la moindre preuve de la
complicité des Russes, elle l’aurait rendue publique haut et fort depuis
plusieurs jours.
Heureusement, contrairement au Service des Opérations
Speciales, le Service d’Analyse de la CIA a encore dans ses rangs des analystes
intègres malgré la purge de l’agence ordonnée par Dick Cheney. Furieux que la CIA refuse de de s’aligner sur les
mensonges guerriers du régime de Bush, Cheney avait purgé l’Agence. Le Service
des Operations Speciales, c’est une autre histoire. Beaucoup pensent qu’il
aurait fallut stopper ses activités et le démanteler, car cette partie de la
CIA opère en violation des lois statutaires des Etats-Unis.
Ne vous attendez pas à ce que Washington abolisse les
opérations secrètes ou que le régime Obama s’excuse auprès du gouvernement
russe pour les accusations et insinuations sans fondement dirigées contre la
Russie.
Malgré l’aveu du renseignement américain, le ministère
de la propagande est déjà à l’œuvre pour saper cet aveu. Les responsables du
renseignement eux-mêmes prétendent que la Russie est, peut-être, indirectement
responsable, en “ayant créé les conditions” qui ont conduit Kiev à attaquer les
séparatistes.
En d’autres termes, le coup d’Etat supervisé par Victoria
Nuland du Département d’État (NdT: Ministère des Affaires étrangères)- qui a
renversé un gouvernement ukrainien démocratiquement élu pour placer des
russophobes extrémistes au pouvoir à Kiev, et qui ont attaqué les régions
dissidentes d’anciens territoires russes qui furent rattachés à l’Ukraine par
les dirigeants du Parti Communiste soviétique à une époque où la Russie et
l’Ukraine faisaient partie du même pays – n’a aucune responsabilité dans la
situation actuelle.
Washington est innocent. La Russie est coupable. Fin
de l’histoire.
Le jour précédent (Jeudi 24 Juillet), la porte-parole
du Département d’Etat, Marie Harf, l’une des va-t-en-guerre écervelées du
régime Obama, s’est mise en colère contre des journalistes qui l’interrogeaient
à propos du rejet officiel de responsabilité de la part du gouvernement russe.
“Ne comprenez-vous pas que ce que le gouvernement américain dit est crédible et
que ce que le gouvernement russe dit ne l’est pas !”.
Soyez assurés que les propriétaires des médias et les rédacteurs
en chefs des journaux pour lesquels travaillent ces journalistes ont reçu des
appels et des menaces. Je ne serais pas surpris que ces journalistes
perdent leur travail pour avoir voulu vouloir faire leur travail. Là vous
l’avez. La presse libre Américaine. La presse américaine est libre de mentir
pour le gouvernement, mais ne doit pas oser exercer d’autre liberté.
Washington ne permettra
jamais une clarification officielle sur le MH-17. Aujourd’hui (23 juillet), la
BBC a déclaré : “Des sources de Whitehall (NdT: gouvernement britannique)
disent qu’apparemment les preuves du crash du vol MH17 ont été délibérément
altérées, quand les boîtes noires de l’avion sont arrivées au Royaume-Uni.”
Après avoir signalé
l’altération des boîtes noires, la BBC s’est elle-même contredite : “Les
services néerlandais de sécurité qui mènent l’investigation ont dit que des
‘données valides’ ont été téléchargées depuis les enregistrements des
discussions du cockpit du MH17 (CVR) et vont être analysées”. Ces services ont
déclaré : “Le CVR a été endommagé mais les modules mémoires sont intacts. De
plus, il n’a été trouvé aucune preuve ni indication de manipulation du CVR.”
La BBC ne nous indique pas
comment les boîtes noires ont pu se retrouver simultanément entre les mains des
Britanniques et des Hollandais alors que les séparatistes les ont données aux
Malaisiens avec l’assurance qu’elles seraient remises à L’Organisation
Internationale de l’Aviation Civile (ICAO) pour être examinées par des experts
indépendants.
Alors où sont donc les boîtes noires? Si les
Malaisiens les ont remises aux Britanniques, Whitehall rapportera tous les
mensonges que Washington lui demandera de proférer. Si c’est effectivement
cette marionnette qu’est la Grande-Bretagne qui a les boîtes noires, nous ne
connaîtrons jamais la vérité. À en juger par les accusations hostiles non
fondées contre la Russie émises par le Premier ministre hollandais qui a été
dûment acheté, nous pouvons nous attendre à ce que les Hollandais mentent
également pour Washington. Apparemment, Washington est parvenu à priver l’ICAO
de “l’enquête” pour la confier à ses marionnettes.
Le problème, lorsque vous écrivez des éditoriaux en
vous basant sur les comptes-rendus de la presse occidentale, c’est que vous
n’avez aucune idée de la véracité de ces comptes-rendus.
Lire : Le Washington
Post
Selon toutes les apparences, le régime d’Obama a
l’intention de transformer cette “enquête internationale” en acte d’accusation
contre la Russie, et les Hollandais semblent s’être déjà alignés derrière cette
utilisation détournée de l’enquête. Comme l’article du Washington Post le
montre clairement, il n’y a aucune chance que l’enquête puisse amener à
soupçonner la responsabilité de Kiev et Washington.
En maintenant sa confiance à l’égard d’un Occident
corrompu dénué d’intégrité et de bonne volonté vis-à-vis de la Russie, les
séparatistes et le gouvernement russe se sont une fois de plus exposés
eux-mêmes à l’opprobre. N’apprendront-ils jamais ?
Au moment où j’écris, cette histoire devient encore
plus confuse. Je viens de voir apparaître sur mon écran que Reuters rapporte
qu’Alexander Khodakovsky, “un dirigeant rebelle puissant, a confirmé que les
séparatistes pro-russes possédaient un missile sol-air du type dont Washington
dit qu’il a servi à abattre le MH17 de la Malaysia Airlines et qu’il pourrait
provenir de Russie.” Reuters dit que ce commandant séparatiste (ou peut être
ancien commandant comme l’a rapporté plus tard Reuters en décrivant Khodakovsky
comme “un ancien dirigeant de la cellule anti-terroriste ‘Alpha’ des services
de sécurité de Donetsk”) est en conflit avec les autres chefs à propos de la
conduite de la guerre.
Khodakovsky indique clairement qu’il ne sait pas
quelle unité peut avoir été en possession du missile, ou encore d’où il
pourrait avoir été tiré. Il dit clairement qu’il ne dispose pas d’information
réelle et précise à ce sujet. Sa théorie est que le gouvernement Ukrainien a
berné les séparatistes pour qu’ils tirent le missile en lancant un bombardement
aérien dans la région dans laquelle l’avion de ligne volait. Le gouvernement a
envoyé des avions de chasse dans la zone de l’avion civil afin de le faire
passer pour un appareil militaire. Reuters cite Khodakovsky, “Même si il y
avait un Buk, et même si ce dernier avait été utilisé, l’Ukraine a fait tout
son possible pour s’assurer que l’avion civil soit abattu”.
Ne connaissant pas la nature du conflit entre
Khodakovsky et les autres commandants ou encore ses motivations, il est
difficile d’attester de la validité de son récit, mais son histoire explique
pourquoi le contrôleur aérien ukrainien aurait envoyé l’avion de la Malaysian
Airlines au-dessus d’une zone de combat, une décision jusqu’ici inexpliquée.
Après la partie sensationnelle de son histoire,
Reuters semble faire légèrement marche arrière. Reuters cite Khodakovsky disant
que le mouvement séparatiste a plusieurs dirigeants différents et que “notre
coopération est quelque peu conditionnelle.” Khodakovsky devient ensuite
indécis quant à dire si les séparatistes possédaient ou non des missiles Buk
opérationnels. Selon Reuters, Khodakovsky “a dit qu’aucun des Buks pris aux
forces ukrainiennes n’était opérationnel.” Si tant est que ce missile existe, ceci implique que
la Russie a fourni le missile en état de marche aux séparatistes. Je trouve la
réponse des séparatistes probante. “Si nous avions eu ces missiles pourquoi les
imbéciles de Kiev auraient ils envoyé un avion afin de nous bombarder, et
pourquoi leurs bombardements ss si efficaces ?” Les séparatistes possèdent des
systèmes de défense sol-air individuels du genre de ceux fournis par les
américains aux afghans pendant l’invasion soviétique. Ce
genre de missile n’est capable de toucher que des avions volant à basse
altitude. Ils ne peuvent en aucun cas atteindre 33,000 pieds (10.050 m).
Selon Reuters, le
compte-rendu de cet article provient d’une première personne, son écriture a
été réalisée par une seconde et sa publication par une troisième. D’après mon
expérience du journalisme, cela signifie que nous ne savons pas de qui est cet
article, de quelle manière il a pu être modifié, et quelle peut être sa
fiabilité.
Nous pouvons conclure avec
certitude que “l’enfumage” ne fait que commencer, et qu’à l’instar du 11/9 ou
de l’assassinat de John F. Kennedy, il n’y aura pas d’autre alternative pour
les individus qui voudront bâtir leur propre opinion, que de chercher les
preuves par eux-mêmes. Le gouvernement des Etats-Unis ne le reconnaîtra jamais,
et le gouvernement britannique ainsi que les média prestituées [jeu de mots
composé avec presse et prostituée] ne cesseront jamais de raconter des
mensonges pour le compte de Washington.
Les pots-de-vin et les
menaces de Washington peuvent produire tous les articles que Washington
réclame. N’oubliez pas qu’une Maison Blanche totalement corrompue, malgré les
objections de ses propres services de renseignement, a envoyé son Secrétaire
d’Etat aux Nations Unies pour qu’il raconte au monde entier des mensonges
concernant des armes de destructions massives irakiennes dont la Maison Blanche
savait indubitablement qu’elles n’existaient pas. Avec comme conséquences des
mensonges de Washington, des millions de tués, de mutilés ou déplacés, et la
montée de l’instabilité au Moyen-Orient.
Le régime d’Obama a menti en
utilisant des “preuves” fabriquées en affirmant qu’Assad avait utilisé des
armes chimiques contre le peuple syrien, “preuves” provoquant alors le
franchissement de la “ligne rouge” que la Maison Blanche avait elle-même fixée
pour justifier une attaque du peuple syrien. Le gouvernement russe a dévoilé
l’usage de fausses preuves et le parlement britannique a voté contre la
participation du Royaume-Uni à l’attaque du régime d’Obama contre la Syrie.
Ainsi isolé, le régime d’Obama n’a pas osé assumer le rôle évident de criminel
de guerre.
Ansi bloqué, le régime
d’Obama a financé et équipé des militants jihadistes étrangers pour attaquer la
Syrie, ce qui a maintenant pour conséquence que l’EIIL est en train de créer un
califat formé d’une partie de l’Irak et de la Syrie.
Rappelez-vous que les
régimes de George W. Bush et d’Obama ont aussi menti comme des arracheurs de
dents au sujet des “armes nucléaires iraniennes”.
La seule conclusion à tirer
est qu’un gouvernement qui ment de façon aussi systématique n’est pas crédible.
Depuis le régime corrompu de Clinton, les journalistes américains ont été
forcés par leurs patrons à mentir dans l’intérêt de Washington. La
confrontation de certains journalistes avec Marie Harf leur a permis de
retrouver un peu de courage, et constitue un signe d’espoir. Espérons que cela
prendra racine et se développera.
Je ne pense pas que les
Etats-Unis puissent jamais se relever des dommages infligés par les
néoconservateurs qui ont déterminé les politiques des gouvernements Clinton,
George W. Bush et Obama. Cependant, lorsque nous voyons des signes d’opposition
aux mensonges et tromperies massifs caractéristiques du gouvernement US au
21ème siècle, nous devons applaudir et encourager ceux qui se battent contre
ces mensonges.
Notre futur et celui du monde en dépendent.
Source : paulcraigroberts.org, 23 juillet. Traduit collectivement pour www.les-crises.fr
Washington est en train de transformer en guerre la
“crise” orchestrée en Ukraine
Paul Craig Roberts, le 24 juillet 2014
En dépit du fait que les services de renseignement
américains n’ont trouvé aucune preuve d’implication russe dans la destruction
de l’avion malaisien et de tous ses passagers, Washington cherche à intensifier
la crise et à la transformer en guerre.
Vingt-deux sénateurs états-uniens ont présenté, lors
de la seconde session du Congrès, un projet de loi (S.2277) ayant, entre
autres, pour objectif d’empêcher de futures agressions russes à l’encontre de
l’Ukraine et d’autres états souverains d’Europe et d’Eurasie.
Le projet de loi est devant la Commission des Affaires
étrangères :https://beta.congress.gov/113/bills/s2277/BILLS-113s2277is.pdf
Il est à noter qu’avant même qu’il n’y ait une
quelconque preuve d’agression russe, 22 sénateurs se positionnaient déjà en
faveur de la mise en place d’une prévention de toute future agression russe.
Accompagnant cet élan de propagande pour créer un environnement propice à une guerre, chaude ou froide, avec la Russie, le commandant général de l’OTAN Philip Breedlove a annoncé son plan pour un déploiement militaire massif en Europe de l’Est, qui permettrait d’apporter des réponses claires à l’encontre de la Russie, en vue de protéger l’Europe de toute agression russe.
Nous la retrouvons ici une fois de plus : l’agression russe. Répétez-le un certain nombre de fois et ça devient réel.
L’existence d’une “agression
russe” est présumée, mais pas démontrée. Ni Breedlove, ni les sénateurs ne font référence à un
plan d’attaque russe en Europe ou dans aucun autre pays. Il n’y a aucune
référence à de quelconques documents mettant en exergue une idéologie
expansioniste russe ou une croyance émanant de Moscou selon laquelle les russes
seraient “un peuple exceptionnel, indispensable” ayant le droit d’exercer une
hégémonie sur le monde. Aucune preuve montrant que la Russie a infiltré les
systèmes de communication du monde entier à des fins d’espionnage n’a été
présentée. Il n’y a pas non plus de preuves que Poutine a mis sur écoute les
téléphones portables privés d’Obama ou de ses filles ou que la Russie
télécharge les secrets des entreprises des Etats-Unis au profit du monde des
affaires russe.
Néanmoins, le commandant de l’OTAN et les sénateurs
américains considèrent urgent le besoin de mettre en place au sein de l’OTAN
des moyens permettant de mener une blitzkrieg (« guerre éclair ») aux
frontières de la Russie.
Le projet de loi 2277 du Sénat est constitué de trois
titres : “Donner un Nouvel Elan à l’Alliance de l’OTAN”, “Dissuader de Futures
Agressions Russes en Europe”, “Préparer l’Ukraine et les autres Pays d’Europe
et d’Eurasie Contre les Agressions Russes”. Par qui pensez-vous que ce
projet de loi a été écrit ? Indice : ce n’est pas l’oeuvre des sénateurs ou de
leurs équipes.
Le Titre I parle du
renforcement de l’implantation américaine en Europe et en Eurasie, ainsi que de
l’alliance de l’OTAN, en accélérant la construction de bases d’ABM
(Anti-Ballistic Missile, c.à.d. Missiles Anti-Ballistiques) installées au
niveau des frontières russes, afin d’affaiblir la force stratégique de
dissuasion nucléaire russe ; de fournir plus d’argent à la Pologne et aux Pays
Baltes et de renforcer la coopération entre les Etats-Unis et l’Allemagne sur
les problèmes de sécurité globale, et ceci, pour être certain que l’armée
allemande devienne bien une composante de l’empire militaire américain.
Le Titre II concerne l’éventualité de sanctions contre
“l’agression russe en Europe”, et le soutien financier et diplomatique “en
faveur de la démocratie en Russie et de diverses organisations de la société
civile”, ce qui signifie l’injection de milliards de dollars dans des ONG
(Organisations Non-Gouvernementales) qui peuvent être sollicitées pour
déstabiliser la Russie de la façon dont Washington a utilisé les ONG qu’elle a
financées en Ukraine pour renverser le gouvernement élu. Pendant 20 ans, la
négligence du gouvernement russe a permis à Washington de mettre en place à
l’intérieur de la Russie une “cinquième colonne” qui se présente sous
l’apparence d’organisations en faveur des droits de l’homme, etc.
Le Titre III traite de la mise en place d’une
assistance militaire et de renseignement pour l’Ukraine,en vue d’intégrer
l’Ukraine, la Géorgie et la Moldavie à l’OTAN, d’exporter du gaz naturel
américain afin de mettre fin à la dépendance énergétique de l’Europe et de
l’Eurasie envers la Russie, d’empêcher la reconnaissance de la Crimée comme
faisant partie de la Russie, de développer la diffusion de programmes
(propagande) dans les province russes, et toujours avec l’objectif “de soutenir
la démocratie et les organisations de la société civile dans les pays de
l’ancienne Union Soviétique”, ce qui signifie utiliser de l’argent pour
corrompre la Fédération de Russie.
Quelle que soit la façon dont vous considérez ce
message, il s’agit d’une déclaration de guerre. De plus, ces attaques
provocatrices et coûteuses sont présentées comme nécessaires pour contrer
l’aggression russe qui n’a toujours pas été prouvée.
Comment qualifier une loi qui n’est pas seulement
stupide, inutile et dangereuse mais encore plus Orwellienne qu’Orwell ? Je suis
ouvert à toute suggestion.
L’Ukraine actuelle est un état dépourvu d’histoire,
avec des frontières artificielles. L’Ukraine est actuellement constituée d’une
part de ce qui a été un ensemble plus grand auquel se rattachaient des provinces
russes ajoutées à la République Soviétique d’Ukraine par les dirigeants
Soviétiques. Quand l’Union Soviétique s’est effondrée et que la Russie a permis
à l’Ukraine de prendre son indépendance, sous la pression américaine la Russie
a malencontreusement autorisé l’Ukraine à garder ces provinces russes.
Quand Washington a réalisé son coup d’État l’année
passée, les russophobes qui se sont emparés du pouvoir ont commençé à menacer
en paroles et en actes les populations russes de l’Ukraine orientale et méridionale.
Les habitants de Crimée ont voté pour fusionner avec
la Russie, et ont été acceptés par celle-ci. Cette réunification a été
grossièrement déformée par la propagande occidentale. Quand d’autres anciennes
provinces russes ont voté de façon analogue, le gouvernement russe, se
soumettant à la propagande occidentale, n’a pas validé leurs demandes. Au lieu
de cela, Vladimir Poutine a demandé à Kiev et à ces anciennes provinces russes
de mettre au point une convention permettant de conserver ces provinces en
Ukraine. Kiev et ses maîtres
de Washington n’ont pas écouté cet appel de Poutine. Bien au contraire, Kiev a
lancé des attaques militaires sur ces provinces et était en train de les
bombarder au moment où l’avion de ligne malaisien fut descendu.
Washington et ses vassaux européens ont constamment
travesti la situation en Ukraine et nié leur responsabilité dans la violence,
rejetant toute la faute sur la Russie. Mais ce n’est pas la Russie qui mène ces
bombardements et qui attaque les provinces avec troupes, tanks et artillerie.
De la même manière que la récente opération militaire d’Israël contre les
civils palestiniens ne suscite aucune critique de la part de Washington, des
gouvernements européens et des média occidentaux, l’attaque de Kiev contre d’anciennes
provinces de Russie n’est pas rapportée et n’est pas critiquée. En effet, il
semble que peu d’américains soient même au courant que Kiev attaque les zones
civiles des provinces qui souhaitent revenir dans leur mère patrie.
Des sanctions devraient être prises contre Kiev, qui
est à l’origine de la violence militaire. Au lieu de cela, Kiev reçoit un
support financier et militaire et des sanctions sont émises à l’encontre de la
Russie qui n’est pas militairement impliquée dans ces événements.
Lorsque l’éclatement des violences contre les
anciennes provinces russes a commencé, la Douma russe a voté pour octroyer à
Poutine le pouvoir d’intervenir militairement. Plutôt que d’utiliser
ce pouvoir, Poutine a demandé à la Douma d’annuler cette autorisation, ce
qu’elle a fait. Poutine
préférait régler le problème diplomatiquement, d’une manière raisonnable et
sans provocation.
Poutine n’a reçu ni respect ni considération pour
avoir encouragé la résolution non violente de la malheureuse situation
ukrainienne, créée par un coup d’état initié par Washington, contre un
gouvernement démocratiquement élu qui n’était seulement qu’à quelques mois des
prochaines élections et d’un nouveau gouvernement.
Les sanctions que Washington a prises et auxquelles
Washington presse ses valets européens de se joindre envoient de mauvais
signaux à Kiev. Elles indiquent
à Kiev que les Occidentaux approuvent et encouragent sa détermination de
résoudre ses différends avec les anciennes provinces russes par la violence
plutôt que par la négociation.
Cela signifie que la guerre va continuer, et c’est
clairement l’intention de Washington. Les derniers rapports annoncent que des
conseillers militaires américains seront bientôt en Ukraine pour aider à la
conquête des anciennes provinces russes actuellement en rébellion.
La nature “presstituée” (contraction de presse et
prostituée) des media occidentaux assure que la masse des populations
américaines et européennes restera dans l’étau de la propagande anti-russe.
Arrivera un moment où le gouvernement russe devra admettre qu’il n’a pas de
“partenaires occidentaux”. La Russie a des ennemis occidentaux qui s’organisent
pour l’isoler, la blesser économiquement et diplomatiquement, la soumettre
militairement, la déstabiliser en appelant les ONG (Organisations Non
Gouvernementales) d’origine américaine à descendre dans les rues, et à défaut
de coup d’état pour installer un vassal américain à Moscou, l’attaquer à l’arme
nucléaire.
Je respecte la confiance qu’a Poutine en la diplomatie
et le bon-vouloir au lieu de la force. Le problème avec l’approche de Poutine,
c’est que Washington ne fait pas preuve de bon-vouloir, donc il n’y a pas de
réciprocité. Washington a un ordre du jour. L’Europe est constituée de nations
captives et ces nations n’ont pas de dirigeants capables de se libérer du
projet de Washington.
J’espère me tromper, mais je
pense que Poutine a mal calculé. Si Poutine avait accepté la demande des
anciennes provinces russes de se réunir avec la Russie, le conflit en Ukraine
serait terminé. Je suis certain que l’Europe n’aurait pas rejoint Washington
pour une invasion dans le but de reconquérir pour l’Ukraine les anciennes
provinces russes. Quand Washington dit que Poutine est responsable du crash de
l’avion de ligne malaysien, Washington a raison d’une façon qu’elle ne
soupçonne pas. Si Poutine avait achevé sa tâche commencée avec la Crimée et
réuni les provinces russes à la Russie, il n’y aurait pas eu de guerre pendant
laquelle un avion de ligne aurait été abattu, que ce soit par accident ou par
complot pour diaboliser la Russie. L’Ukraine n’a pas la capacité d’affronter la
Russie militairement et n’aurait pas eu d’autre alternative que d’accepter la
réunification des territoires russes.
L’Europe aurait été témoin d’une décision cruciale de
la Russie et aurait mis la plus grande distance entre elle et le projet
provocateur de Washington. Cette réponse européenne aurait empêché Washington
de provoquer l’escalade de la crise en augmentant graduellement la température
sans que la grenouille européenne ne saute hors de la marmite.
Dans ses négociations avec Washington, l’Europe s’est
accoutumée à l’usage de la corruption, des menaces et de la coercition. Les
nations captives sont habituées à l’impuissance de la diplomatie. Les européens
voient la diplomatie comme la carte faible jouée par la partie faible. Et bien
sûr, tous les européens veulent de l’argent, que Washington imprime avec
largesse.
La Russie et la Chine sont désavantagées dans leur
conflit contre Washington. La Russie et la Chine ont émergé de la tyrannie. Les
peuples de ces deux pays ont été influencés par la propagande américaine de la
guerre froide. Ces deux pays ont des gens éduqués qui croient que l’Amérique a
la liberté, la démocratie, la justice, les libertés civiles, le bien-être économique
et qu’elle est l’amie des autres pays voulant la même chose.
C’est une dangereuse illusion. Washington a un ordre
du jour. Washington a mis en
place un état policier pour réprimer sa propre population, et Washington estime
que l’histoire lui a transmis le droit d’exercer son hégémonie dans le monde
entier. L’année dernière, le président Obama déclarait au monde qu’il croyait
sincèrement que les Etats-Unis était la nation d’exception dont le monde
dépendait pour sa direction.
En d’autres termes, tous les
autres pays et les autres peuples sont ordinaires. Leur opinion ne compte pas.
Et leurs aspirations sont mieux servies sous la direction de Washington. Ceux
qui ne sont pas d’accord – la Russie, la Chine, l’Iran, et le nouvel état de
l’EIIL – sont vus par Washington comme étant des obstacles aux finalités de
l’histoire. Toute chose, qu’il s’agisse d’une idée ou d’un pays, faisant
obstacle à Washington fait obstacle aux Nécessités de l’Histoire et doit être
écrasée.
Vers la fin du dix-huitième
siècle et le début du dix-neuvième, l’Europe se trouva face à la détermination
de la Révolution française d’imposer à l’Europe la Liberté, l’Égalité, la
Fraternité. De nos jours,
l’ambition de Washington est plus vaste, c’est d’imposer son hégémonie au monde
entier. À moins que la Russie et la Chine ne se soumettent, cela signifie la
guerre.
Source : paulcraigroberts.org, 23 juillet. Traduit collectivement pour www.les-crises.fr
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