|
Vendredi 03 octobre 2014,
12h59
Candidats décrédibilisés, alliances laminées: les auditions de plusieurs
membres de l'équipe Juncker au Parlement européen, notamment celles de
l'Espagnol Canete et du Français Moscovici, ont tourné au jeu de massacre et
menacent de faire chuter la Commission.
Une
réunion de crise est prévue mardi pour tenter de trouver une solution et
éviter une catastrophe lors du vote d'investiture de l'exécutif européen
prévu le 22 octobre au Parlement, ont indiqué à l'AFP plusieurs sources
européennes.
Elle
réunira le président-élu de la Commission, le chrétien-démocrate Jean-Claude
Juncker, le président du Parlement européen, le social-démocrate Martin
Schulz, et les présidents des groupes PPE (droite), Manfred Weber,
socialiste, Gianni Pittella, et libéral, Guy Verhofstadt.
La grande coalition constituée
entre ces trois formations a volé en éclat lors de l'audition mercredi du
candidat espagnol, Miguel Arias Canete, désigné pour le grand portefeuille de
l'Energie et du Climat.
|
|
|
Des
manifestants écologistes contre la nommination de l'Espagnol Arias Canete
au poste de commissaire européen de l'Energie et du Climat, le 1er octobre
à Bruxelles (Photo /AFP)
|
|
|
Ce baron du Parti populaire a
été mis en cause sur ses potentiels conflits d'intérêts liés aux
participations de sa famille dans le secteur pétrolier. Les attaques les plus
dures sont venues des socialistes, qui exigent des clarifications sur sa
déclaration de patrimoine, modifiée à la veille de son audition pour ajouter
des revenus qu'il avait omis de déclarer. Ils ont obtenu le renvoi du vote
sur son évaluation à mardi.
La droite a considéré que les
socialistes avaient rompu leur pacte de non-agression, et décidé de rendre
coup pour coup. "Si un fusible saute au PPE, alors un fusible sautera
chez les socialistes. Et ce sera Moscovici", avait prévenu l'eurodéputé
UMP français Alain Lamassoure.
Jeudi, l'audition du Français
Pierre Moscovici s'est transformée en calvaire. "Sur 11 questions du
PPE, sept ont porté sur la France. C'était le procès de la France, pas
l'audition d'un candidat commissaire", ont déploré les socialistes.
-
'Prématuré' de parler de changements -
M.
Moscovici a été malmené également par les libéraux et les conservateurs
britanniques. Les premiers entendaient venger le vote négatif des socialistes
contre une des leurs, la Suédoise Cecilia Malmström, chargée du Commerce. Les
seconds agissaient en représailles des attaques socialistes contre Jonathan
Hill, désigné aux services financiers, ont expliqué à l'AFP plusieurs
participants.
A
l'exception des socialistes, aucun groupe n'a soutenu la candidature de
l'ancien ministre français des Finances, jugé "non crédible" pour
le portefeuille des affaires économiques. Il devra répondre par écrit à une
nouvelle série de questions, et le vote sur son évaluation a lui aussi été
renvoyé à mardi.
"Le
jugement final sur sa candidature dépendra de la répartition exacte des
tâches entre lui et les deux vice-présidents sous lequel il est placé, Jyrki
Katainen (Croissance et compétitivité), et Valdis Dombrovskis (Euro)", a
dit M. Lamassoure.
Cinq
commissaires sont désormais sur la sellette. Outre MM. Arias Canete,
Moscovici et Hill, il s'agit du conservateur hongrois Tibor Navracsics
(Éducation et Citoyenneté) et de la libérale tchèque Vera Jourova (Justice).
Il reste encore six auditions lundi et mardi.
|
|
|
Le président de
la Commission européenne Jean-Claude Juncker, le 10 septembre 2014 à
Bruxelles (Photo /AFP/Archives)
|
|
|
M. Juncker reste pour le moment
imperméable aux problèmes posés par certains membres de son équipe. "Il
est satisfait des auditions des candidats, qui ont démontré leurs compétences
et leur engagement européen", a assuré une de ses porte-parole, jugeant
"prématuré" de parler de changements de candidats ou de
portefeuilles avant la fin des auditions.
Le PPE n'entend pas sacrifier
M. Canete. Il "ne se retirera pas. Juncker ne changera ni candidat ni
portefeuille et on ira au vote comme ça", ont affirmé à l'AFP des
responsables conservateurs.
La grogne monte dans leurs
rangs. "A ce stade, il me sera impossible de voter pour la nouvelle
Commission sans trahir les engagements pris devant les électeurs, et nous
sommes plusieurs élus UMP à être dans le même état d'esprit", a affirmé
vendredi l'eurodéputée française Rachida Dati.
De leur côté, nombre d'élus
socialistes assurent qu'ils ne pourront pas accepter un compromis qui les
contraindraient à voter pour Miguel Arias Canete.
|
No comments:
Post a Comment